C'est les journaux qui me l'ont dit
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C’est les journaux ! (Pages 1, 2, 3, 4 et 5 du livret original)
Chanson en 8 couplets
(Air le Pendu)
1er couplet
Faut pas croire que vous faites la guerre
Pour une misérable question
D’orgueil ou de changement de frontière
Encore moins affaire de pognon
Non si nous avons tous tant de peine
N’en doutez pas mes chers amis
C’est pour la liberté humaine
C’est les journaux qui nous l’on dit (bis)
2ème couplet
Depuis 6 mois on ne bouge pas de place
Chacun reste sur ses positions
Quand on bouge c’est comme la limace
On court comme des limaçons
Les Boches sont sur not’ territoire
Ils tiennent un bon bout du pays
Pourtant nous aurons la victoire
C’est les journaux qui nous l’on dit (bis)
3ème couplet
On sait que grâce à l’Angleterre
Les Austro Boches ne reçoivent plus rien
Qu’ils n’ont plus de pain, plus de pommes de terre
Et d’puis longtemps ils crèvent de faim
C’est vrai qu’ils ont tous une bonne mine
Gras comme des moines ceux qu’on a pris
Pourtant chez eux c’est la famine
C’est les journaux qui nous l’on dit (bis)
4ème couplet
Une escouade est en r’connaissance
Deux cent Boches lui tombent dessus
Le Caporal plein de vaillance
S’écrie : Chargez sur les Pruscos
Mais tout à coup « pan pan » ça pète
Les Boches nous servent des coups de fusils
Ils craignent pourtant la baïonnette
C’est les journaux qui nous l’on dit (bis)
5ème couplet
La semaine dernière, dans une grange
On faisait les distributions
Soudain, sans qu’on se dérange
Les Boches envoient un coup de canon
Y’en a deux qu’ça leur casse une patte
Et vous m’en voyez tout surpris
Car jamais leur obus n’éclatent
C’est les journaux qui nous l’on dit (bis)
6ème couplet
Malgré qu’la tâche soit difficile
Nous sommes bien sûr de triompher
Et vous verrez qu’on s’ra tranquille
Quand tout s’ra bien arrangé
Car ç l’avenir y aura plus de guerre
Tous les peuples seront amis
On s’embrassera tous comme des frères
C’est les journaux qui nous l’on dit (bis)
7ème couplet
Vous verrez tous, après la guerre
Le peuple heureux, c’est bien certain
Jamais on s’fera plus de misère
Chacun pour tous , tous pour chacun
Pour les vieux, les r’traites ouvrières
Et pou l’orphelin un abri
Y aura du pain pour les veuves et les mères
C’est les journaux qui nous l’on dit (bis)
8ème couplet
Mais une chose sur laquelle ils s’taisent
Qu’ils f’raient pas mal de raconter
C’est qu’à la fin cette vie nous pèse
Et qu’on voudrait bien s’en aller
Et qu’il faut cependant qu’on démarre
Qu’il faut en finir à tout prix
Qu’à la fin tout l’monde en à marre
Ca les journaux ne l’on pas dit (bis)
La chanson reproduite ci-dessus à été trouvée sur un chasseur Français fait prisonnier entre Airicourt et Lunéville.
Elle témoigne avec ironie de la piètre estime que les esprits critiques éprouvent à l’égard de la grande presse parisienne et de ses racontars fantaisistes sans cesse démentis par les faits.
Aussi bien le numéro du régiment du chasseur que le nom du compositeur sont connus.
Nous évitons de les publier pour ne pas créer d’ennuis aux personnes en question de la part de ses compagnons de guerre.
Journal du 24 juin 1915