Le retour du prisonnier (du docteur Delecour)
La scène représente la terrasse d’un petit café
non loué de la gare de l’est.
A cette terrasse se trouve un consommateur élégamment
vêtu et parcourant discrètement un journal il semble attendre
quelqu’ un car il regarde sans cesse l’heure à sa montre bracelet
et scrute souvent le boulevard.
C - Elle est encore en retard ( il est vrai que c’est chaque fois la
même chose) il regarde sa montre 3h30 et le rendez-vous était
pour 3 heures.
Enfin, je vais attendre jusqu’à 4 heures dernière limite
( il appelle le garçon et commande une autre consommation
)
A ce moment apparaît au loin un homme vêtu de vieux habits
militaires et flanqué de deux musettes.
Il marche lentement il a l’air hébété, et regarde
autour de lui et semble étourdi, désorienté.
D’un pas incertain il arrive devant la terrasse ( on remarque alors
qu’il est mal rasé et sûrement pas rasé depuis
plusieurs jours.)
Le consommateur lève les yeux de son journal pour scruter une
fois de plus le boulevard.
Il aperçoit l’homme qui continue son chemin, il se lève
subitement et va à sa rencontre.
C -Mais, si je ne me trompe, c’est Antoine, mais oui c’est bien
toi mon vieux copain.
L -Oui, c’est moi excuse - moi je ne me souviens plus de ton nom, la
mémoire tu sais
( il passe une main sur son front et semble réfléchir
)
C -Arthur ,... Tu as oublié les belotes du café du commerce
avec Jean et Ernerst.
L -J’ y suis maintenant . Que sont - ils devenus ?
C - Morts tout les deux . L’un dans les Flandres, l’autre dans les
Ardennes .
L - ( hochant la tête ) . La guerre qu’elle soit maudite.
C -Dis donc ne restons pas là sur le trottoir, tu prendras bien
quelque chose avec moi.
L -Oui, avec plaisir. Depuis ce matin 5 heures je suis en voyage.
C - Que prends tu ? Je ne t’offre pas un apéro, je sais que
l’alcool t’est défendu pour ton foie,
tu préfères sans doute une bonne limonade.
L -C’est - à - dire que ......
C -Garçon , un pernod et une limonade. Tu m’excuseras si je
ne reste pas longtemps avec
toi , j’attends quelqu’un, tu comprends.
L -Oui , je comprends.
C -Je suis heureux de te revoir , deux ans déjà
depuis notre dernière belote , comme le temps passe, mais
d’ où viens - tu ?
L -Je rentre d’Allemagne , d’un camp de prisonniers.
C -C’est vrai , excuse moi mon vieux , j’aurais dû le deviner
en te voyant dans cet accoutrement .
( le garçon apporte les consommations et se retire ) .
Tu te portes bien , tu as maigri un peu mais tu es mieux ainsi , je
vois que la captivité
a du bon ; vraiment tu as une mine superbe et quel teint , on dirait
que tu reviens de
la campagne.
Tu sais mon vieux , nous avons toujours été avec vous
, on ne vous oubliait pas, d’ailleurs les quotidiens nous donnaient
régulièrement de vos nouvelles.
L -Ah oui.
C -Dans le fond , vous n’avez pas été trop malheureux
, vous aviez un théâtre dans le camp paraît-il.
C - Si tu as besoin d ’ un service, tu peux compter sur moi,
entre copains il ne faut pas se gêner.
L - Merci, tu es gentil.
A ce moment passe un marchant de journaux, résultat de la loterie
nationale,
( le consommateur achète le journal et regarde s’y il n’y a
rien gagner)
C - Pas de chance,
L - Tu n’a a rien gagner.
C - seulement 1000 francs enfin c’est quand même mieux que rien
( il parcourt le journal)
Tiens encore un accident de métro, hier soir vers 10 heures
un terrible accident de métro
s’est produit à la station de couronnes: une femme (hésitation)
Madame Antoine Dupont est tombé sur la voie au moment du passage
d’ une rame....
C - interrompt sa lecture et regarde son ami, celui - ci a déjà
deviner...
Il arrache le journal et continue la lecture d ’ une voix chevrotante.
Conduite à l ’ hôpital elle a succomber dans le parcours.
Son mari est actuellement prisonnier en Allemagne.
C - Courage, mon vieux tes enfants sont encore là...
Ah excuse moi, voici la personne que j’attends. Au revoir
Il se lève et part.
Après quelques minutes le libéré se lève
péniblement et se dispose à partir.
Le garçon arrive...
Pardon, monsieur, les consommations ne sont pas payées il y
‘ en a pour 12 francs.
L - Ah, (air résigné)
Il fouille dans ses poches et en sort des marks du camps.
J ’ étais prisonnier, je n’ai pas d ’ autre argent sur moi.
Garçon : Ne t’en fais pas, mon vieux, ce sera ma tournée,
j’ai deux frères prisonniers et je viens de rentrer moi même
comme grand malade, alors tu comprends, je connais ça.
L - C ‘ est chic de ta part, merci.
Le libéré s ‘ en va lentement, courbé, le garçon
le regarde s’éloigner.
RIDEAU
PERSONNAGES:
Libéré = Petit
Cons. =Anquier
Garçon = Houfflin
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Le retour du prisonnier
(compte rendu par Foussac)
Après la fameuse journée de Toto à la foire, nous
ne pouvions nous arrêter en si bonne voie mais auparavant des modifications
s’imposent et par dessus tout la scène.
Construite hâtivement sur des baquets il faut l’en débarrasser
et construire et la carcasse solide, on en profite pour empiéter
d’un mètre sur la salle et ainsi sera d’autant plus profonde.
Les Boileau, Compagnon, Jouanneau, Vivien, Brion, toute l’équipe
des Schreurer est là,
on fait des Tréteaux on y réinstalle le plancher, c’est
un véritable petit chantier sous l’oeil de l’architecte et pendant
que se prépare la première séance Delecour écrit
un
sketch de quelques pages; le retour du prisonnier; et on prévoit
pour prolonger la séance un tour de chant , ce n’est pas le
suivant souhaité mais il faut attendre que les ressentes productions
d’ Anquier reviennent de la censure.
Il y ‘aura du neuf, la scène n’est-ce pas et puis les décors.
Les couvertures bonnes pour la foire, sont a remplacer on fera des
cadres en bois , pas de toile naturellement, mais quelques feuilles de
papier .
Le matin seulement de la représentation on essaie la peinture,
poudre et eau malheureusement
sans colle mais c’est un travail de forçat .
Figurez-vous tremper du papier buvant dans l’eau.
On rit devant le papier gondolé, la devanture du bistrot sera
belle!!!!
Anquier a confiance: attendez comme dit la chanson que cela sèche.
Et une foi quand les rayons d’un pâle soleil auront commencé
à faire évaporer l’eau, la couleur aura quand même
tenus, mais vos malheurs ne sont pas finis, cela tombes par plaques les
punaises ne tiennent pas, il y ‘en a pas assez et puis pou fuir , le
coup de vent emmène tout.
Il faut pourtant jouer quelques heures plus tard.
Triomphe de la volonté aidé de montage, Anquier recommence
les feuilles plaquées sur une cabane entre deux lattes ou bien dans
la cabane au charbon, il y’ a beaucoup de péripéties dont
le souvenir restera cuisant dans certaines manoeuvre mais on arrivera quand
même au résultat souhaité.
Le décor : un extérieur de devanture de café ,
vert tel un bougnat , avec les indispensables.
Bottin et téléphone, 2 caisses , 2 branches voilà
les entourages chers aux petits bistrots du coin
1 guéridon, oeuvres de nos mémoires est sautillant.
Et voilà une nouvelle représentation de commencé.
Le ah d’étonnement de nos camarades devant la scène et
son décor nous comble d’aise.
Le sketch d’Henri Delecour s’annonce .
C’est l’arrivée à la gare de l’est du prisonnier libéré
( quelle anticipation ) et qui trouve là le planqué , tel
nous le voyions déjà, se plaignant de la dureté de
la vie, des sacrifices et pour souligné outrageusement de soi-disant
avantages de la vie du prisonnier, il laisse honteusement les consommation
à régler à votre pauvre frère qui apprend l’accident
, arrivé aux lieux , c’est court , beaucoup trop court , il y ‘
avait tout à écrire là dessus mais Delecour ne s’arrêtera
pas là enregistrants son sketch tel un essai .
Anquier coupe l’embusqué avec un sans gène et un aplomb
vraiment naturel , le contraste est bien donné par Houfflin dont
le rôle est trop court et la voix trop timide, mai qui parait donné
de bonne mémoire Bordi imite parfaitement le vendeur de journaux
et le rôle du garçon de café est confié à
Guillaume.
Ce sketch est trop l’expression de votre pensée , nous connaissons
ce qui nous attend au retour, mais il plaît quand même .
La deuxième partie du spectacle fut réservée aux
chansons et l’on y voit nos chanteur attirés
Blanchard , Bordi , Houfflin, Vandamme.
Mais aussi Brion dans des imitations de Chevalier, Guillaume Deloffre.
Un bon après midi mais nous attendons le prochain spectacle avec
curiosité. |
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