Les Carnets

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Le bonnet de coton

 

 

Le Bonnet de Coton (Pages 17, 18 et 19 du livret original)

Monologue

 

Nicolas Dugourdeau prenait en mariage la fille du premier adjoint de son village, celle-ci rayonnait sous sa robe blanche et claire et Nicolas pimpant marchant la mine en l’air, n’adirait ses pieds retombant en mesure sur le sable et souvent sur ceux de sa future. Tous les garçons du bourg admiraient son sort et le voyaient déjà adjoint quand l’autre serait mort. Cependant on trouvait la fille un peu fluette pour un gaillard muni d’une si grosse tête, mais elle engrosserait sans doute avant longtemps. A travers ces propos et ces petits cancans, le cortège gagna bientôt chez le beau père. Je ne vous parlerais pas de la bonne chaire ni des bonnes épices .Un des vivres joyeux des jeunes et des vieux jusqu’au soir la noce fit abondance et pendant la soirée on se mit à la danse de sorte qu’il était plus de minuit lorsqu’on se décida d’aller se mettre au lit.

La femme de l’adjoint déshabilla sa fille : couche toi mon enfant et soit gentille. La chemise de ton homme est sur cet escabeau avec un bonnet neuf dont je lui ai fait cadeau, on le lui mettra n’est ce pas ma fille. Allons dis moi bonsoir mon enfant je te quitte. Elle serre un moment sa fille dans ses bras et couru chercher le bouillant Nicolas. Celui-ci qui guettait cette heure solennelle lui promis à son tour d’être doux avec elle. Ainsi soit il ! fit la mère, et le verrou poussé elle alla chercher l’adjoint dans la chambre à coté et tous deux commençaient à piquer leur romance lorsque quelques jurons vinrent tromper le silence qui régnait chez les nouveaux époux. Jésus mon Dieu aillez pitié de nous criait la pauvre vieille en réveillant son homme, n’entends tu pas notre gendre l’assomme. Oh quel brutal, comment  peut on s’y prendre ainsi, mais réveille toi donc n’entends tu pas, si si femme de Dieu je crois que je viens d’entendre. C’est la voix de notre joli gendre, je n’en voulais pas, je le savais butor et tu vois à présent que je n’avais pas tord. Sautons du lit et courrons frapper à leur porte, de ce train là, demain notre fille sera morte. Pan pan ! Eh Nicolas de grâce calmez vous. C’est dur d’y renoncer certes je le déplore, mais s’il est trop étroit, c’est qu’il est neuf encore, ça se fera, patience au bout d’un jour ou deux. Attendre, s’écria Nicolas, ça je ne puis vous le dire, il faudra que ça rentre ou que ça se déchire, oh sacré tonnerre ! Oh notre pauvre enfant firent les deux vieillards, s’en est fait maintenant. Arrêtez, arrêtez Nicolas ! Cessez, c’est inutile ! Demain si vous voulez on y mettra de l’huile

Quelqu’un sauta du lit et la porte s’ouvrit.

Mais en entrant qu’elle ne fut pas leur surprise, le pauvre Nicolas sur le lit en chemise tirant sur son objet, jurant comme un démon ne pouvant enfiler son bonnet de coton.

 

Le 4 septembre 1915